Si le domaine de l’énergie solaire demeure excessivement cher et hors de portée pour une économie nationale à genoux, c’est parce que le monopole est toujours détenu par quelques pays dont les Etats-Unis d’Amérique, l’Allemagne, le Japon et dernièrement la Chine.
Qui dit énergies renouvelables dit notamment énergies éolienne et solaire. Les deux dépendent étroitement de la nature, une nature généreuse qui nous est éminemment favorable mais qu’on exploite toujours mal. A qui la faute? Et à qui adresser les premiers reproches? Est-ce à ces professionnels du verbe, à court de vision stratégique, ou à ces experts et acteurs du monde des affaires qui peinent encore à voir grand et à se pencher sur un secteur représentant un grand enjeu stratégique pour l’économie nationale et mondiale? Décidément, les deux , au vu du volume de l’action sur le terrain. Mais le tableau aurait été davantage noir n’eût été l’exception faite par ces Tunisiens qui réfléchissent, qui parviennent à suivre les mutations de l’économie mondiale, qui s’activent et qui savent voyager en toute autonomie, sans aucun apport de l’Etat, en terre d’Afrique. Leurs mots d’ordre ne sont autres que travail et intelligence stratégique.
Ces professionnels réalisent que le secteur des énergies renouvelables a un grand avenir, tout autant qu’il peut servir l’économie nationale dès lors qu’il est sciemment exploité. M. Youssef Kallouche, directeur de «Studi», bureau d’études composé essentiellement de hautes compétences tunisiennes, cultive la même orientation. Selon lui, le secteur des énergies renouvelables comprend l’énergie éolienne (énergie renouvelable qui récupère l’énergie du vent), l’énergie solaire, l’énergie hydraulique (énergie fournie par le mouvement de l’eau), l’énergie géothermique (provenant de la chaleur accumulée dans le sous-sol) et la biomasse ( extraction de l’énergie à partir de matières organiques d’origine végétale ou animale ou fongique par combustion).
Si le recours aux deux derniers types demeure très limité vu la rareté des ressources y afférentes, les deux premiers types représentent un grand espoir pour l’économie nationale. Deux types qu’il convient encore de classer, selon le degré de faisabilité de chacun. De ce point de vue, le même interlocuteur fait observer que quoique les éoliennes opérationnelles fournissent aujourd’hui 240 MW, la production demeure très en deçà des besoins réels du pays. Selon M. Kallouche, il y a de quoi être optimiste, quand on sait que la production augmentera jusqu’à 1130 MW en 2020 et 1840 MW en 2030 avec l’installation de nouvelles centrales, conformément à l’étude stratégique réalisée par l’Agence nationale des énergies renouvelables.
Mais il faut également focaliser l’intérêt sur l’énergie solaire. Cette dernière comprend deux grands domaines, à savoir le système CSP (concentrateurs solaires pour l’énergie solaire thermodynamique) et le système photovoltaïque (transformation directe des rayons solaires en énergie électrique). S’agissant de ces deux domaines, M. Kallouche salue l’initiative prise pour l’installation d’une centrale solaire photovoltaïque de 10 MW à Tozeur et d’une centrale de concentrateurs hybrides CSP à Akarit, à 30 km de Gabès.
Deux centrales dont l’étude de faisabilité et d’aménagement a été réalisée par le bureau d’études tunisien sus-mentionné. Il est vrai, souligne M.Kallouche, qu’une production à raison de 10 MW n’est pas grand-chose quand on sait que la Steg produit 4000 MW, Toutefois cela peut être considéré comme un pas significatif dans le sens de bâtir un meilleur avenir. Un avenir qu’il faut savoir préparer en œuvrant à doter les jeunes compétences tunisiennes du savoir-faire et de l’expertise nécessaires.
Car si le domaine de l’énergie solaire demeure excessivement cher et hors de portée pour une économie nationale déjà à genoux (trois fois plus cher que le classique pour le solaire photovoltaïque et six fois plus cher pour les concentrateurs hybrides) c’est parce que le monopole est toujours détenu par quelques pays dont les États-Unis d’Amérique, l’Allemagne, le Japon et dernièrement la Chine. D’où la nécessité pour nous Tunisiens, selon notre interlocuteur, d’agir en temps opportun et avant qu’il ne soit trop tard pour acquérir les connaissances permettant d’exercer non seulement sur le plan local, mais aussi sur le double plan régional et international.
D’ailleurs, c’est grâce à cette vision stratégique et à une expertise tunisienne que la Studi est parvenue à développer son activité pour l’étendre vers les voisins, dont l’Algérie et la Libye ainsi que vers d’autres pays africains, dont le Sénégal, le Gabon, le Cameroun et la République du Congo, entre autres.Une chose est sûre, au demeurant: le salut vient de ceux qui s’activent, ceux qui, dotés d’une intelligence stratégique, s’avèrent résolument tournés vers l’avenir. Car celui qui veut aller loin n’a qu’à ménager sa monture.
Source : La Presse