Le développement des énergies durables en Tunisie semble inévitable.
Riche en ressources renouvelables et dotée d’une infrastructure adaptée pour intégrer ces énergies, notre pays a tout les atouts pour atteindre ces objectifs et les dépasser.
Les énergies renouvelables sont au cœur des orientations stratégiques au niveau mondial. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (IEA) (1), les énergies renouvelables devraient représenter plus de 70% de la croissance de la production mondiale d'électricité entre 2017 et 2023 pour atteindre 30% de la demande mondiale en électricité en 2023.
A titre d’exemple, le BNEF (Bloomberg New Energy Finance) estime qu’en 2050 (2), les énergies renouvelables fourniront 87% de l’électricité en Europe, 55% aux États-Unis, 62% en Chine et 75% en Inde.
Si la rareté des énergies fossiles et leurs émissions de CO2 ont amené plusieurs pays à subventionner les énergies renouvelables (3) à leurs débuts, la baisse significative des coûts des énergies durables les rendent de plus en plus compétitives avec les énergies conventionnelles.
L’énergie solaire photovoltaïque illustre bien cette transformation avec une baisse du coût de 73% entre 2010 et 2017 due principalement à l’évolution de la technologie (4).
Qu’en est-il de la Tunisie dans cet engouement international ?
Le bilan actuel est plutôt morose avec 97% de l’électricité produite à partir du gaz naturel et un déficit énergétique responsable du tiers du déficit de la balance commerciale (5). Cependant, la Tunisie semble être déterminée à rattraper son retard en la matière avec le Plan Solaire Tunisien qui fixe un objectif de 30% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2030.
Le pays, riche en ressources renouvelables et dotée d’une infrastructure adaptée pour intégrer ces énergies, a tout les atouts pour atteindre ces objectifs et les dépasser.
Le développement des énergies durables en Tunisie semble inévitable car il permettra de réduire la dépendance énergétique, de diminuer le coût de l’énergie et baisser l’exposition de la balance de paiement à la fluctuation du prix du pétrole. La mise en œuvre de ce plan lancé en 2016 s’est fait crescendo.
En effet, le premier appel à projets lancé en novembre 2017 pour réaliser 130 MW n’a été concluant que pour 64 MW à cause des réserves émises sur le contrat d’achat d’électricité.
En mai 2018, le ministère chargé de l’énergie a réalisé des amendements au contrat d’achat d’électricité et lancé un deuxième appel à projets pour 190 MW sous le régime des autorisations.
Ce deuxième round s’est couronné de succès. Pour l’éolien, quatre projets ont été octroyés pour une puissance unitaire de 30 MW avec des tarifs variant entre 111 millimes et 136 millimes/kWh. Pour situer ces tarifs, il faut savoir que le coût moyen pondéré de l’énergie éolienne est estimée par l’IRENA à 0,06 USD/kWh en 2017 (équivalent à 180 millimes/kWh) (6).
En outre, le prix moyen de vente du kWh par la STEG s’élève à 203 millimes (7). « Le challenge sera maintenant de réussir à financer et construire ces premiers projets éoliens privés en Tunisie. Avec le soutien du ministère chargé de l’énergie et de la STEG, nous avons la responsabilité de relever ce défi et mettre en service notre parc éolien en 2020», affirme M. Alex Berenguer, CEO d’UPC Tunisia Renewables, groupe américain lauréat d’un projet de 30 MW qui développe des projets en Tunisie depuis plus de 20 ans.
Le ministère a également lancé des appels d’offres dans le cadre des concessions de 200 MW éoliens proposés par les développeurs dont les résultats sont prévus pour cet été et 800 MW (300 MW éoliens et 500 MW solaires) sur des terrains proposés par l’Etat. Si le cadre légal est au rendez-vous, ces projets, de plus grande ampleur, devront voir baisser encore plus les tarifs de l’électricité.